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Quelle que soit l'indifférence de NO-DO a l'égard de
l'actualité nationale et internationale, il n'en reste pas moins
pertinent de déterminer le rôle que les autorités du régime lui
conféraient en ce qui concerne la création d'une image (peu
importe qu'elle eût été presque intemporelle) de la vie idéale du
pays, en accord avec l'idéologie franquiste. 11 n'est pas dû au
hasard si NO-DO contribue à bâtir pendant ces années une
nouvelle image de Franco et, par là, une nouvelle définition
implicite de son régime. Aussi paradoxal que cela puisse
paraître, la présence matérielle de Franco en tant que chef d'état
augmente â l'intérieur des actualités. Cependant, elle manifeste
un virage consistant à la construction d'une image surprenante et
jusque lâ jamais vue du Caudillo. En effet, si les années 40
avaient vu surgir l'image d'un militaire victorieux, d'un chef
fasciste (en chemise bleu de Phalangiste) ou du Caudillo acclamé
par son peuple, a partir de 1953, un effort est fait pour montrer
le dictateur dépourvu la plupart du temps de son uniforme
militaire, en habits civils, dans l'íntimité et entouré de sa famille ;
Franco est désormais présenté comme un père, un grand-père et
un époux chrétien, bienveillant et pacifique. Ce changement
d'image est, bien évidemment, un geste fortement symbolíque: il
coincide avec l'évanouissement sans trop de bruit de la
paraphernalia initiale du régime.
En fin de compte, NO-DO, par son exclusivité, l'obligation
de sa projection et sa condition de véhicule idéologique du
franquisme, était, dans ses silences et ses procédés indirects,
l'expression privilégiée d'un régime qui avait décidé
d' abandonner toute une série de signes d'identité et était en
quete d'autres. Ceux-ci auraient leur manifestation spectaculaire
dans l'effort de développement économique [desarrollismo] des
années 60 et dont le signe le plus visible est le tourisme.
Mais cette nouvelle imagerie appartient a un autre chapitre
de l'histoire.
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