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Le fil de Christophe Bourdin fait partie des 'récits de vie' liés à l'expérience de la souffrance, de la maladie, et à l'urgence de leur mise en écriture. Ce roman suppose un retour a une écriture dont la voix est le noyau; une voix pleine, grave, vivement présente, presque palpable; une voix déifiée qui envahit tout le texte d'une façon troublante, à la lisière de l'agressivité; elle devient cri, hurlement; elle est l'essence même du récit. Ce qui est ici novateur par rapport aux autres textes autobiographiques, c'est le fait que l'on soit confronté à l'omniprésence d'une 'alter vox', une voix dédoublée, éclatée, en échos, en miettes. Un stratagème, une mise en scène narrative qui n'est que l'effet visuel et sonore d'une identité désagrégée, détruite; une voix qui représente un parcours du moi à l'autre qui est aussi soi-même, du je au tu, de la peur au rêve, de la chronique à l'imaginaire. Un voyage au fond de l'âme, un processus, un chemin, un fil qui permet de franchir les portes de la mort.
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