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This paper deals with the judicial identification of corpses in nineteenth-century France. The case of the widow Houet (1833) is particularly interesting for this purpose because two contrasting techniques of identification were employed: forensic medicine and phrenology. Mateu Orfila, dean of the Paris Faculty of Medicine, had recently developed a quantitative method for the identification of corpses, which was later regarded as a landmark in nineteenth-century forensic medicine. Pierre-Marie Dumoutier, an outstanding member of the Society of Phrenology, analysed the skull and offered surprising data about the personality of the widow. The episode stirred up controversies on the evidentiary value of phrenology and medicine in criminal investigations. Thanks to these controversies, I discuss three different points: the implicit rules of admissibility of expert knowledge in nineteenth-century French courts; the politics of legal medicine and phrenology regarding crime, penal system and prisons; and the tensions and unequal exchanges between legal medicine and phrenology in terms of people, data, objects, spaces and practices. Le but de cet article est l'étude des pratiques d'identification judiciaire des cadavres en France pendant le XIXe siècle. Le cas de la veuve Houet (1833) est particulièrement intéressant à ce propos, car deux techniques très différentes ont été employées : la médecine légale et la phrénologie. Mateu Orfila, doyen de la Faculté de médecine de Paris, avait récemment développé à cette époque une méthode quantitative pour l'identification des cadavres, qui a été postérieurement considérée comme un grand apport à la médecine légale du XIXe siècle. Pierre MarieDumoutier, membre éminent de la Société de phrénologie de Paris, a aussi analysé le crâne exhumé et il a offert des données surprenantes sur la personnalité de la victime. L'épisode a généré des controverses sur la valeur probante de la phrénologie et de la médecine légale dans les enquêtes criminelles. En s'appuyant sur les documents produits par ces controverses, trois points liés au rôle des experts du crime pendant le XIXe siècle en France sont discutés dans cet article : les règles implicites d'acceptation ou d'exclusion des différents savoirs dans les tribunaux ; les représentations et les buts poursuivis par la médecine légale et la phrénologie concernant la criminalité, le système pénal et les prisons ; enfin les tensions et les échanges inégaux entre la médecine légale et la phrénologie en termes de personnes, données, objets, espaces et pratiques.
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